Nina à la MECA
Poème de Ramon Tio Bellido
C’est tout plein d’hardiesse que j’ai vu la MECA
Honteusement privé de son phonème nique
Vu l’édifice en toc d’une archi très caca
Qu’on aborde cependant sans aucune panique
Tout en haut m’attendait l’expo de la chère Nina
Ses exploits itérés de couvreuse de cimaises
Même lorsqu’elles surplombent l’ersatz d’une marina
Baignant sur la Garonne avec toutes ses aises
Pour appuyer l’effet de plus de véhémence
Y’a pas un mur de droit et les angles s’évasent
Posant d’emblée l’enjeu d’une telle performance
Surtout lorsque la canicule met ses pieds dans la vase
Mais Nina en fait fi, elle sait se déployer
Dans l’espace le plus nase ou le plus alambiqué
Car sans donner l’air d’avoir à payer son loyer
Elle agence à souhait tous ses petits Mickeys
L’expo n’a pas de sens dans cette sorte de dédale
Où plutôt elle en joue grâce à toutes ces issues
Et si l’on craint d’abord de comprendre que dalle
Y’a qu’à se laisser perdre et y aller de visu
Nina a fait très fort en rythmes et en séquences
N’oubliant pas bien sûr l’Impératrice Sissi
Une vague Picasso qui entre dans la danse
Un HLM perdu par les ex Malassis
Une salle tout entière emplie de Tupperwares
Carrément explicites d’ironiques citations
Démontrant l’étendue de son ample software
Du Judd, du Malévitch à te damer le pion
Une paire d’ados accros à la fumette
Des portraits d’inconnus ou de célébrités
Qui méritent toujours d’ajuster ses lunettes
Et de ne pas se tordre d’une saine hilarité
Le sourire un peu las d’une Sylvie Vartan
Un Polanski narquois et vaguement hautain
Nous rappellent tristounets qu’il est encore temps
De trier nos photos de famille sans teints
Une très belle série de roses savonnettes
Dont elle frottait le corps de ses charmants bambins
Images de bébés aux airs plus que bêbêtes
Qui détournent l’attention lorsque c’est l’heure du bain
Y’a même une vidéo des Frères Ripoulins
Où on la voit gracile vêtue dans du Denim
L’air un peu allumée à l’Amélie Poulain
Et fumant de surcroît des cigarettes Slim
Mais le clou du spectacle est une paire de seins
Qu’arbore une demoiselle au visage un peu drôle
Qui doit bien s’amuser qu’elle ait su à dessein
Faire surgir avec force ses belles aréoles
C’est donc récompensé de tous ces beaux efforts
Que je m’en suis allé suant et ahanant
Nanti des certitudes que Nina c’est très fort
Jusqu’aux quais bienvenus de la Gare Saint-Jean
Août 2022