2007 — communiqué de presse — Galerie Bernard Jordan
Nina Childress persiste à interroger le cliché dans le sens photographique du terme, mais aussi la peinture en tant que cliché, où tout semble avoir déjà été peint, de toutes les manières possibles, et avoir déjà été récupéré, stylisé, épuisé dans le décor. Les stratégies qu’elle emploie contribuent à donner à ses tableaux la présence singulière et obsédante d’images déjà-vues, mais pas définitivement perdues dans les oubliettes de notre mémoire.
Yannick Miloux mars 2007
Pour sa première exposition personnelle à la Galerie Bernard Jordan, Nina Childress a choisi de présenter des peintures inédites qui s’articulent autour d’un grand triptyque figuratif quasiment photoréaliste.
Dans cet ensemble qui met en scène une cantatrice russe coincée entre deux décors, le regard se déplace, attiré par les concordances formelles, les redites singulières qui permettent à la fois une lecture narrative voire romanesque et une lecture purement rétinienne du passage de la couleur au noir et blanc.
Par le choix de ses sujets et de ses sources iconographiques, Nina Childress dépeint une forme de nostalgie, celle où l’on peut revivre une époque à travers des images mal imprimées rendues plates par la couleur qui a « viré ». Il est probable que la représentation d’un passé déformé, flou, condensé ou étiré comme dans les photos souvenirs et les livrets d’opéra, n’existera bientôt plus — à l’ère du numérique, son stockage est dématérialisé, sa restitution est parfaite. C’est pourquoi Nina Childress se plaît dans la pérennité imposante du tableau même si elle se limite, telle une imprimante jet d’encre, à trois ou quatre couleurs dont un rouge fluorescent, moderne mais fugace.
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