Centre Pompidou Metz, du 14 juin au 2 février
curatée par Donatien Grau et Chiara Parisi
avec Rita Ackermann, Valerio Adami, Georges Adéagbo, agnès b., Henni Alftan, Ghada Amer, Giulia Andreani, Lucas Arruda, Kader Attia, Brigitte Aubignac, Tauba Auerbach, Mathias Augustyniak, Rosa Barba, Miquel Barceló, Julien Bismuth, Michaël Borremans, Mohamed Bourouissa, Glenn Brown, Humberto Campana, Théo Casciani, Guglielmo Castelli, Ymane Chabi-Gara, Xinyi Cheng, Gaëlle Choisne, Jean Claracq, Francesco Clemente, Robert Combas, Julien Creuzet, Enzo Cucchi, Neïla Czermak Ichti, Jean-Philippe Delhomme, Hélène Delprat, Damien Deroubaix, Mimosa Echard, Nicole Eisenman, Tim Eitel, Bracha L. Ettinger, Simone Fattal, Sidival Fila, Claire Fontaine, Cyprien Gaillard, Antony Gormley, Laurent Grasso, Dhewadi Hadjab, Camille Henrot, Nathanaëlle Herbelin, Thomas Hirschhorn, Carsten Höller, Iman Issa, Koo Jeong A, Y.Z. Kami, Jutta Koether, Jeff Koons, Bertrand Lavier, Lee Mingwei, Thomas Lévy-Lasne, Glenn Ligon, Nate Lowman, Victor Man, Takesada Matsutani, Paul McCarthy, Julie Mehretu, Paul Mignard, Jill Mulleady, Josèfa Ntjam, Laura Owens, Christodoulos Panayiotou, Ariana Papademetropoulos, Philippe Parreno, Nicolas Party, Nathalie du Pasquier, Bruno Perramant, Elizabeth Peyton, Martial Raysse, Andy Robert, Madeleine Roger-Lacan, George Rouy, Christine Safa, Anri Sala, Edgar Sarin, Ryoko Sekiguchi, Luigi Serafini, Elené Shatberashvili, Apolonia Sokol, Christiana Soulou, Claire Tabouret, Pol Taburet, Djamel Tatah, Agnès Thurnauer, Georges Tony Stoll, Fabienne Verdier, Francesco Vezzoli, Oriol Vilanova, Danh Vo, Anna Weyant, Chloe Wise, Yohji Yamamoto, Yan Pei-Ming avec Gérard Manset
En collaboration exceptionnelle avec le musée du Louvre, du 14 juin 2025 au 12 janvier 2026, le Centre Pompidou-Metz consacre une exposition inédite de création de copistes. La copie est au cœur de la tradition classique : copier d’après les maîtres, apprendre d’eux des techniques, des canons, des récits, absorber leur expertise, c’est faire nôtre leur maestria, c’est une voie pour le savoir et la création, de la plus académique à la plus contemporaine.
Plusieurs artistes ont reçu des deux commissaires associés une invitation ainsi formulée : « À partir de l’œuvre de votre choix conservée parmi les collections du musée du Louvre, imaginez sa copie. »
Sous la forme d’un parcours libre, dont la scénographie renoue avec les formes de présentation muséale, toutes les époques sont confondues – de l’Antiquité au XIXème siècle – manifestant la coexistence de tous les temps du Louvre.
Même si bien des maîtres, de Matisse à Picasso, ont copié, l’art moderne semble avoir préféré une éthique où le modèle de la copie est déclassé, remplaçant la continuité par la rupture, la figuration par l’abstraction, la peinture et le croquis à main levée par la démultiplication des formes possibles.
Aujourd’hui, néanmoins, la question de la copie semble pouvoir se poser de nouveau. Tout d’abord, la peinture contemporaine retourne à la figuration et nombre de peintres, parmi les plus jeunes, reprennent des figures issues d’œuvres anciennes pour leur donner une nouvelle vie. Ensuite, la question même de la copie se trouve ré-agencée par le biais du monde numérique : la démultiplication des images, leur abstraction, leur absence de support, leur disponibilité font d’elles autant de matrices à copie. Enfin, la démultiplication des méthodes de création disponible semble désormais représenter autant d’extensions de ce que la copie peut signifier : du scan 3D utilisé en sculpture pour rendre la copie la plus exacte, aux jeux vidéo, à la copie de l’existence dans le monde numérique.
Dans cette histoire pluriséculaire de la copie, qui est aussi une histoire de l’art à la période moderne (à partir du XVème siècle), le musée du Louvre et ses collections, jouent un rôle essentiel. « Grand livre dans lequel nous apprenons à lire », suivant les mots de Paul Cézanne, mais aussi dernier musée à être titulaire d’un bureau des copistes, existant depuis l’ouverture de l’institution en 1793, il a été et demeure au cœur des dispositifs de copie en France et en Occident. Pour ses deux cents ans, le musée organisa ainsi une exposition célèbre, intitulée « Copier-Créer », qui entendait mettre en évidence le rôle de la copie à une époque où celle-ci était idéologiquement remise en cause.
Copistes naît d’une époque différente, et constitue un projet tout autre : il s’agit désormais d’inviter plusieurs figures de la création à venir copier au musée du Louvre, comme tant de leurs prédécesseurs célèbres et méconnus. Parmi les peintres et dessinateurs invités qui accomplissent ce geste de décodage, d’investigation et de compréhension, mais aussi parmi les sculpteurs, vidéastes, designers et écrivains qui se prêtent à l’exercice au travers de formes antiques et nouvelles, ce sont autant de manières de copier et de penser la copie, le statut des œuvres qui s’exposent, dans une tension entre original et duplication.
Cette exposition donne donc à voir de manière inédite cet état de la création et du patrimoine qui ont désormais partie mêlée : la création la plus récente ne cherche pas nécessairement à rompre avec l’histoire mais, bien au contraire, à venir y puiser, s’y ressourcer, comprendre et se comprendre. Ce projet à la fois inscrit dans la continuité de l’histoire – avec la forme même de la copie – et radicalement neuf – par les œuvres conçues – est également une méditation sur l’état actuel de l’existence, en même temps que de la création, dans ce monde « inséparé », où le pouvoir des œuvres doit débattre avec la puissance des images.
